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29 novembre 2009

L'amour est dans le Prévert

L'autre jour, Harry Potter, mon fils aîné a décrété qu'il devait y avoir une faute de frappe dans la récitation de Prévert qu'il devait apprendre par cœur.

Oui, il est comme ça mon fils, à pas tout à fait 7 ans, il trouve que Prévert, il cause pas correct. Devant son air buté, j'ai donc retrouvé le fameux texte sur Internet et j'ai tenté de lui expliquer que certaines tournures sont utilisées pour faire joli, surtout en poésie. Bon, après j'ai laissé tomber parce que je sentais bien que la fantaisie grammaticale ne passerait pas par lui et j'allais pas passer le réveillon à lui causer complément d'objet direct. A croire qu'il a avalé un Bescherelle quand il était petit, lui !

Finalement, au détour de feuilles mortes et de bonhommes de neige qui fondent sur le poêle, j'ai lu et relu quelques merveilles que je tiens à vous faire partager, si, si.


Chanson du geôlier

Où vas-tu beau geôlier
      
Avec cette clé tachée de sang
prevert 
Je vais délivrer celle que j'aime
 
S'il en est encore temps
 
Et que j'ai enfermée
 
Tendrement cruellement
 
Au plus secret de mon désir
 
Au plus profond de mon tourment
 
Dans les mensonges de l'avenir
 
Dans les bêtises des serments
 
Je veux la délivrer
 
Je veux qu'elle soit libre
 
Et même de m'oublier
 
Et même de s'en aller
 
Et même de revenir
 
Et encore de m'aimer
 
Ou d'en aimer un autre
 
Si un autre lui plaît
 
Et si je reste seul
 
Et elle en allée
 
Je garderai seulement
 
Je garderai toujours
 
Dans mes deux mains en creux
 
Jusqu'à la fin des jours
 
La douceur de ses seins modelés par l'amour.


ou encore...

On

C’est un mardi vers quatre heures de l’après-midi
Au mois de février
Dans une cuisine
Il y a une bonne qui vient d’être humiliée
Au fond d’elle-même
Quelque chose qui était encore intact
Vient d’être abîmé
Saccagé
Quelque chose qui était encore vivant
Et qui silencieusement riait
Mais
On est entré
On a dit un mot blessant
A propos d’un objet cassé
Et la chose qui était encore capable de rire
S’est arrêtée de rire à tout jamais
Et la bonne reste figée
Figée devant l’évier
Et puis elle se met à trembler
Mais il ne faut pas qu’elle commence à pleurer
Si elle commençait à pleurer
La bonne à tout faire
Elle sait bien qu‘elle ne pourrait rien faire
Pour s’arrêter
Elle porte en elle une si grande misère
Elle la porte depuis si longtemps
Comme un enfant mort mais tout de même
encore un petit peu vivant
Elle sait bien
Que la première larme versée
Toutes les autres larmes viendraient
Et cela ferait un tel vacarme
Qu’on ne pourrait le supporter
Et qu’on la chasserait
Et que cet enfant mourrait tout à fait
Alors elle se tait.

Un beau matin

Il n'avait peur de personne
Il n'avait peur de rien
Mais un matin un beau matin
Il croit voir quelque chose
Mais il dit Ce n'est rien
Et il avait raison
Avec sa raison sans nul doute
Ce n'était rien
Mais le matin ce même matin
Il croit entendre quelqu'un
Et il ouvrit la porte
Et il la referma en disant Personne
Et il avait raison
Avec sa raison sans nul doute
Il n'y avait personne
Mais soudain il eut peur
Et il comprit qu'Il était seul
Mais qu'Il n'était pas tout seul
Et c'est alors qu'il vit
Rien en personne devant lui


 

Ah c'est beau, on dirait presque du Michel Delpech (quoi, vous avez vraiment écouté les paroles du Loir et Cher ?). Je me rends bien compte qu'à ce stade, j'ai perdu la moitié de mon lectorat mais pas d'inquiétude sourde, la prochaine fois, nous reviendrons à des choses plus substantielles comme les bottes cloutées ou le nouveau calendrier des Dieux du Stade.

Et comme disait J.P. :

Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie.


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Commentaires
C
je découvre ton blog grâce à Mme Fée des brumes et je dois te dire merci de m'avoir fait sourire toute seule devant mon écran d'aussi bon matin !!!!<br /> bonne journée<br /> Val
K
Et même en courant vite... il a déjà filé !<br /> Rapprochement audacieux de Prévert et Michel Delpech mais du vécu, du quotidien tous deux au départ de leur poésie.<br /> Restons bien sur la Terre, surtout et prenons le grand chemin de fer, tout autour de la Terre, à pied, à cheval, en voiture ou en bateau à voile de l'imagination...
S
Comme disait Paulo du bar des sports :<br /> <br /> Moi, les verres je préfère les boire...<br /> <br /> Paulo et la poésie, c'est comme Domenech et le foot, c'est plus compatible...
L
Bon de lire ces vers. Merci
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