Entre la poire et le lavement...
En voilà un titre poétique, n'est-ce pas ?
Je vais donc achever de torpiller ma réputation en vous livrant en pâture un autre de mes tocs qui consiste à me karcheriser les naseaux abondamment.
Le fait est que le vent qui souffle ici 362 jours par an n'est pas étranger à la sécheresse de mes muqueuses nasales, loin s'en faut. Mais vous vous demandez certainement où je veux en venir avec mes problèmes de tuyauterie.
J'y viens.
Je me suis fait la réflexion suivante : est-ce bien raisonnable de payer les études des enfants Stérimar alors que j'ai de l'eau de mer en veux-tu, en voilà à deux pas de mon logis ? Non, ça ne l'était pas, les petites bombinettes pulvérisatrices que l'on trouve en pharmacie me grèvent lentement mais sûrement le budget d'autant que Miss Stromboli s'en sert pour ses Barbie et que Jo Malone les utilise comme brumisateurs pour plantes, chiens, insectes divers et variés...
Alors, j'ai eu l'ingénieuse idée de me mettre en quête d'une poire...
Pour ceux qui ne connaissent que la williams ou la passe-crassane, la poire est un désuet petit objet en caoutchouc qui sert pour les lavements. Il y eut une époque où le lavement faisait référence pour toute pathologie, de la constipation jusqu'à la cataracte avant que d'éminents chercheurs ne s'aperçoivent que de s'asperger copieusement la paroi intestinale ou le grand côlon n'était pas la panacée.
J'ai donc d'abord cherché sur internet et là, soyons clair, la poire médicinale n'est plus. La poire de nos grand-mères s'est recyclée en objet de luxure et on ne la trouve plus qu'au rayon sex-toys.
Voici quelques exemples de poires new-age :
la poire à canule dentelée (et à débit d'eau réglable, c'est important)
et la poire high-tech, multi-embouts à ne pas ranger n'importe où pour ne pas la confondre avec votre visseuse-dévisseuse.
Ces petites merveilles viennent de la boutique Belle Dentelle, vous pouvez y aller en ce moment, ce sont les soldes.
D'ailleurs, j'y ai trouvé un objet fort intéressant que je ne résiste pas au plaisir de vous montrer :
Ha ha ha, les boules de geisha en forme de ballons de foot. J'ai beau chercher, le concept m'échappe d'autant que si on les utilise correctement, à priori, elles ne se voient pas, on se les met pas en bandoulière au dessus de l'écharpe du PSG !
Mais revenons-en à notre poire, il a bien fallu me rendre à l'évidence, je ne trouverai l'objet rare qu'en officine. Fière et déterminée, j'ai dû en faire au moins trois où l'on m'a regardée comme une extra-terrestre et/ou une dépravée, avant de tenter le coup à la pharmacie du coin où le pharmacien, Jean-Louis, un sexagénaire un tantinet libidineux de l'attitude m'a demandé tout de go : "mais oui, c'est pour quoi faire ?"...Euh Jean-Louis, est-ce que je te demande si ta grand-mère a des hémorroïdes ? Non, alors, ramène ta poire et rentre ta langue, c'est juste pour le nez.
Jean-Louis est parti me chercher un modèle de poire "très très fine m'a t-il sussuré d'une voix doucereuse, c'est pour les oreilles normalement mais vous pouvez l'utilisez comme bon vous semble..." et regard lubrique appuyé.
Brrrrr, j'en frissonne encore mais ma poire et moi, on ne se quitte plus. J'ai bien essayé de l'utiliser dans les oreilles mais ai-je appuyé trop fort ? Toujours est-il qu'il m'a fallu un quart d'heure pour regagner ma chambre tellement j'étais déboussolée de l'oreille interne.
Une prochaine fois, je vous parlerai de ma fâcheuse tendance à me faire saigner lorsque je me coupe les ongles de pieds et de mon étonnante dextérité au maniement du fil dentaire.