Save your last dance for me
Salut toi
je t'ai manqué ?
Bah, c'est normal tu sais, te formalises pas, ça fait ça à tout le monde.
En même temps, j'avais rien à dire donc j'allais pas broder un truc juste pour faire du billet, tu le sais maintenant, l'altruisme n'est pas la première de mes qualités et je ne m'en excuse pas
Enfin, puisqu'il faut se livrer corps et âme ici, entre nous, je vous l'avoue, je n'en avais pas fini de faire mon deuil de Patriiiiiiiiiick, le seul, l'unique, celui qui m'a faite telle que je suis, celui qui m'a donné à jamais goût aux circonvolutions de hanches et aux escarpins à paillettes, l'inoubliable interprète de Dirty Dancing, le film culte pour minettes pré-pubères, j'ai nommé Patrick Swayze.
Je peux vous dire que je l'ai attendue la cellule de soutien psychologique mais apparemment, ils ont un max de taf du côté des télécoms alors les états d'âme des groupies éplorées de Johnny Castle ne constituent pas un motif sérieux de déplacement.
Si vous saviez comme j'ai espéré, prié pour avoir mon Johnny à moi, un homme au regard de braise, distribuant des phéromones par paquets de douze à chaque mouvement de bassin, un danseur flamboyant qui m'apprendrait le soir, dans sa chambrette éclairée à la bougie, les rudiments du mambo et me ferait devenir papillon de lumière sous les projecteurs...
Au lieu de ça, j'ai eu, comme premier partenaire, un agriculteur en goguette, Michel, qui devait se vider la bouteille d'eau de Cologne du Mont Saint du même nom avant de venir en cours et qui me caressait la mimine en me lançant des oeillades bovines qui me tétanisaient d'effroi, une sorte de remake de "l'Amour est dans le pré" sur dance floor et une expérience pour le moins traumatisante pour la jeune danseuse que j'étais.
J'ai donc changé de cours afin d'échapper à mon apollon sur tracteur pour rejoindre Yannick, mon vrai premier partenaire qui a connu une fin bien plus tragique encore que Patrick Swayze et sur laquelle je me garderai bien de plaisanter. Je t'embrasse Yannick, désolée de n'avoir pu danser une dernière rumba avec toi.
Je suis ensuite passée dans les bras d'un légionnaire, athlétique bien qu'un poil rigide (pas facile de danser avec le petit doigt sur la couture du pantalon), qui m'a laissée choir comme une vieille paire de rangers pour aller porter un casque bleu en Bosnie Herzégovine.
Je me suis trop vite consolée avec Alain....Ah Alain, un poème et un excellent danseur, trop pour être honnête d'ailleurs...Alain pensait qu'il était amoureux de moi sauf qu'Alain était homossessouel à l'insu de son plein gré et qu'on se serait cru dans la cage aux folles avec moi dans le rôle de Jean Poiret. J'espère de tout cœur que tu as enfin fait ton coming out, Alain.
J'ai eu brièvement un Loïc qui aurait pu être bien s'il n'avait pas créché à Clermont-Ferrand (et moi à Paris à l'époque), ce qui rendait les entraînements un peu trop rock n'roll avant de tomber sur Stéphane, mon danseur, hétéro, si, si, ça existe (mais c'est rare), kiné de son état (et donc parfait pour me remettre les cervicales en place après le tango) qui a été quasi-idéal jusqu'à ce qu'il me plante en finale de championnat de France pour s'en aller tenir la buvette du gala de danse de sa petite amie...(qui, pour la petite histoire, l'a plaqué l'année suivante pour le prof de salsa muy caliente et pas du tout homossessouel. Ok, y'a une justice mais ça me fait une belle gambette au final).
Tout ça pour dire que mon Johnny, je l'attend encore et je crains que la ménopause ne me surprenne avant qu'un homme au déhanché fatal ne me fasse virevolter le corps et les sens mais bon, l'espoir fait vivre dit-on.
En attendant, je ne résiste pas au plaisir de vous repasser ce final qui a fait vibrer toute une génération de jeunes filles dont je n'ai pas honte de faire partie.
Now I've had the time of my liiiifffe....