Pour le meilleur et pour le pire
Vous n'avez pas pu y échapper, ce week-end, c'était la grande messe du Téléthon, une excellente initiative s'il en est qui donne lieu à de chouettes initiatives individuelles ou collectives et où globalement le meilleur côtoie le pire. Cette année, je me suis retrouvée à l'insu de mon plein gré du côté obscur de la force du pire.
La bonne volonté et le désir de bien faire n'évitent pas le ridicule, loin s'en faut et je dois dire que grâce aux têtes "pensantes" mais un peu blondes quand même de mon cher village, je ne suis pas loin d'avoir eu la palme du "fil rouge" le plus débile au niveau national, voire même.
Je me demandais les années précédentes à quoi pouvaient bien servir le fait de se relayer sur un vélo fixé au sol pendant 24h00 ou de former la plus grande pyramide humaine au risque d'atterrir soi-même à l'hôpital mais je ne m'attendais pas à participer moi-même à un défi encore plus grand bien que moins dangereux physiquement, celui de réussir à vendre des boites vides...et moches de surcroît.
Je vous fais le pitch pour que vous aussi, vous puissiez comprendre le concept dans son intégralité saisissante d'intelligence cachée : les responsables du Téléthon avaient demandé aux parents d'élèves de ramener des boites à chaussures afin que les enfants puissent les décorer, les recouvrir de jolis papiers et rubans, etc. Au départ, ça s'annonçait pas trop mal, je me suis dit, ok, ils vont faire des sortes de boites cadeaux réutilisables pour Noël, je suis une vraie quiche pour les emballages cadeaux, ça m'intéresse.
Puis j'ai remarqué que les gens amenaient des boites de biscottes, de céréales, de tampax aussi et j'ai commencé à m'inquiéter. Quand j'ai vu les premiers résultats de boites décorées, là, j'ai clairement songé que j'aurai préféré faire du vélo sur place pendant 3 heures que d'essayer de vendre une seule de ces oeuvres d'art mais j'étais encore loin du compte.
Je me suis alors aperçue que les boites étaient fermées, comme des cadeaux prêts à offrir et je me suis demandée comment diable j'allais pouvoir mettre le baril de Clippo de Jo Malone à l'intérieur. J'ai posé la question, certaine que la subtilité boitesque m'avait échappée, un double fond, un ruban à noeud amovible, que sais-je encore et on m'a répondu : "Mais enfin (air apitoyé), elles ne s'ouvrent pas, ce sont des boites cadeaux factices" (en vrai, on m'a pas dit "factice", elles connaissaient pas le mot).
Ahhhhh ????? Et on est censé faire quoi avec des boites cadeaux vides qui s'ouvrent pas , c'est pour décorer chez soi, c'est ça ? Non parce qu'en matière de déco, j'aime le côté déstructuré mais là, je crains que ce ne soit un poil too much si je puis dire. Non, non, non, ce n'est pas pour chez soi, c'est pour décorer le village...
Ok, résumons-nous, je dois donc vendre le plus cher possible des boites vides et hideuses à des gens qui ne pourront même pas les ramener chez eux, le tout sous une fine pluie glaciale ? Fastoche !!! On peut aussi aller directement chez eux leur coller une beigne et leur réclamer des sous, non ?
Au final, nous avons, avec Alex, ma comparse d'infortune, tenu le stand toute la journée (à la base, ça devait être deux heures), ainsi que celui de la buvette tant qu'à faire, les valeureuses organisatrices et conceptrices de l'événement s'étant affectées au ravitaillement des pompiers qui lavaient les voitures en café chaud et autres sucreries. Nous avons vendu, au prix d'efforts remarquables de notre part, pour 250€ de boites qui doivent, à l'heure qu'il est, voler au dessus de la mer, la tramontane n'ayant cure de notre déco avant-gardiste à la Valérie Damidot. Appelez-moi Mère Térésa, ça me fera plaisir mais l'année prochaine, appelez quelqu'un d'autre, d'avance, merci.
Voici les boites "en situation", c'est éblouissant de beauté contenue.
Le lendemain par contre, comme quoi les jours se suivent et ne se ressemblent pas, j'ai fait partie des quelques privilégiés qui ont été invités à une dégustation privée chez notre ami Hervé du Clos des Fées.
Ce dernier avait fait venir, pour l'occasion, un chef dont les mets servis en amuse-bouche se sont mariés à la perfection avec les crus dégustés. Vous trouverez le menu des réjouissances ici mais peu est de dire que lorsque des personnes comme Hervé Bizeul et Christian Peyre accordent leurs violons et réfléchissent pour vous, simple néophyte, à l'équilibre parfait entre le vin et la cuisine, vous en prenez plein les papilles et vous n'avez qu'à vous pâmer devant le talent et le résultat.
Ce que j'ai fait par ailleurs, je garde un souvenir ému du croustillant de loup au poivre long servi avec le millésime 2007 des Sorcières, j'aurais volontiers repris du cochon noir même si celui-ci avait été irlandais et j'avoue sans honte que si l'on m'avait donné un bout de pain, je serais allée saucer tout ce qui restait au fond des cuillères à dégustation. C'était juste divin et j'ai hâte de retourner du côté de St Rémy de Provence, à Bournissac exactement où Christian Peyre officie, pour goûter encore à sa cuisine délicieuse. Pour plus d'informations, voici le site de La Maison à Bournissac, hôtel et restaurant au coeur des Alpilles.
De la même façon, je vous recommande pour Noël ou pour n'importe quelle occasion de goûter une fois au moins, aux vins du Clos des Fées, le Grenache Blanc est étonnant, j'ai une préférence en matière de rouge pour Le Clos des Fées dont nous avons goûté le millésime 2006 et si vous avez un cadeau exceptionnel à faire, vous avez "La petite Sibérie". A 200€ la bouteille, je vous encourage à ne pas le gâcher entre gens de mauvaise compagnie mais c'est une expérience gustative à nulle autre pareille.
Christian Peyre, l'homme qui m'a fait voir le loup d'une autre façon (rien de grivois là-dedans)
Pour un temps en tous cas, j'ai oublié mon histoire de boites vides, la folie consumériste de Noël et la pléthore de spectacles que les uns et les autres, écoles de danse, de musique, garderies se croient obligés de présenter pour faire plaisir aux parents alors que ceux-là même préfèreraient qu'on les lâche un peu et qu'on évite de les mettre à contribution pour un oui ou pour un non.
Pour finir, je sais de source sûre qui est le papa de l'enfant de Rachida Dati, vous me donnez quoi pour que je vous lâche l'info ?