Bio et con à la fois
Hola chiquititas et tos
aujourd'hui, je me mets dans la peau non pas de John Malkhovitch même si, la vérité, j'aurais bien aimé mais dans la peau de 60 millions de consommateurs, rien que ça.
Face aux attaques de certains ou certaines qui m'accusent de faire fi des saisons qui ne sont plus ce qu'elles étaient, soyons honnêtes, genre, d'acheter des fraises au mois de décembre, j'ai décidé d'adopter une attitude irréprochable de bio-écolo-citoyenne vachement concernée.
Je m'étais déjà fourvoyée du côté des couches lavables, il y a quelques temps. Laissez-moi vous narrer l'affaire : autant dire qu'avec 3 bambins de 0 à 5 ans, j'ai contribué plus que largement à l'achat du dernier yacht de Mr Pampers et de ses potes, Huggies les bons tuyaux & Co.
Un jour, un grand ras-le-bol s'est emparé de tout mon être de lumière et au moment de cracher mon obole de 30€ pour un maxi-pack qui me fait à peine la semaine, j'ai dit stop ! Cessons donc de polluer la planète avec moult déchets (ouais mon oeil, je voulais faire des économies comme tout le monde).
Je me suis donc rendue sur un site internet entièrement dédié aux post soixante-huitards qui crèchent dans le Larzac (je caricature à peine, y'a qu'à voir les photos qui expliquent comment te draper l'écharpe de portage en poils de yaks pour comprendre) et j'ai commandé, sans réfléchir, 3 couches lavables aux couleurs chatoyantes plus une couche dite d'apprentissage qui m'ont coûté un bras mais qui représentaient un investissement durable (qu'ils disaient).
Et bien, après 3 nuits où j'ai dû laver non seulement la couche, plus son insert en bambou (une espèce de deuxième couche à l'intérieur, pliée en 3) qui peut absorber soi-disant 10 fois plus qu'une autre matière, plus les draps et la couette, ben, je me suis bien bouffé les...doigts. Alors de deux choses l'une, soit ma fille a la capacité urinaire d'un éléphant adulte, soit c'est de la pure foutaise et il ne faudrait pas trop me pousser pour que je penche plutôt vers la deuxième solution.
Notez que je n'avais choisi cette solution que pour les petits accidents nocturnes, j'aime mes enfants mais plonger au cœur de leur vie intestinale plus que nécessaire est au dessus de mes forces. Et si on va par là, j'étais déjà obligée de laver deux fois les couches pour faire partir toute odeur (bonjour le côté écologique de l'histoire !) alors j'imagine lorsqu'on change un bébé, environ cinq fois par jour dont deux grosses commissions, le nombre hallucinant de lessives que ça représente.
Et puisque nous parlons de lessive, embrayons joyeusement sur ma seconde tentative de biotiful people. Je me suis rendue à la bio-coopérative du coin où, je ne sais pas si vous avez remarqué, tous les clients et employés ont l'air malade et pour le moins, gris de teint. C'est pas super engageant mais qu'importe, moi, j'y vais pour acheter de la farine aux céréales et des lentilles corail, de temps en temps une huile essentielle et basta. Je n'en suis pas encore arrivée à sucer des graines germées ou à me pâmer devant le tofu soyeux mais cette fois, j'étais d'humeur aventurière donc je me suis laissée tenter par les fameuses noix de lavage, un petit miracle écologique, soi-disant.
A la maison, j'ai ouvert le sachet de noix gluantes et j'ai failli faire un malaise ! Ah on est loin de l'odeur de lessive et pour le coup, on ne voit pas très bien par quel miracle, cette petite chose marronnasse et nauséabonde va pouvoir laver notre linge.
J'ai coupé mes petites noix en deux (4 à 6 demi-noix par lessive) et j'ai attendu en sifflant sur la colline avec mon petit bouquet d'églantines. Bilan de ce test grandeur nature sur bavoirs souillés et autres dégoulinades de ketchup, ça lave moyen. En fait, il faut détacher au préalable avec du percarbonate de soude ! Le linge est plutôt doux, c'est le seul point positif et au niveau odeur, ben, ça sent rien, ça ne sent plus les égouts comme je le craignais au départ mais ça ne sent rien du tout. On conseille donc de mettre de l'huile essentielle de lavande ou de ce que vous voulez mais j'avoue être une fan du linge qui sent la lessive donc j'étais un brin désappointée.
Mais le pire n'était pas là finalement, après quelques recherches sur l'internet mondial, j'ai lu que la ruée vers ces noix de lavage hyper tendances plus bobos que bios constituaient une alternative moyennement écolo puisqu'il fallait d'abord les importer et que ces arbres saponifères ne poussent pas dans le Jura et qu'à force, on allait bouleverser l'éco-système. De même que ceux qui utilisent du savon de Marseille participent activement à la déforestation (à cause de l'huile de palme contenue dans le savon et pour laquelle il faut tronçonner du palmier à grande échelle) et à l'extinction définitive des orangs-outans (qui, contrairement à ce qu'affirme la délicieuse Sarah Pallin, sont un peu de notre famille, je vous le rappelle)...ça vous en bouche un coin, non ?
Alors si voulez mon humble avis et je sais que vous le voulez, je vais continuer à acheter ma lessive aux phosphates et mes couches jetables parce que tout compte fait, au niveau économique et écologique, l'alternative bio, c'est pas l'extase et en attendant, j'évite de prendre mon hélicoptère pour faire 100 km comme l'irréprochable donneur de leçons Nicolas Hulot et je ne participe pas non plus à l'aggravation du trou de la couche d'ozone car je suis une princesse et c'est bien connu, les princesses ne produisent aucun gaz à effet de serre.